Un nom, un résistant : Pierre SERVOIR à Clermont-Ferrand

Publié le par Henri-Ferréol BILLY

Ce nouvel article fait partie des la série des articles consacrés aux résistants dont les noms figurent sur les plaques commémoratives ou des noms de rue.

Il a été écrit par Vanesse MICHEL que nous remerçions.

La rue Pierre Servoir à Clermont-Ferrand :

La rue Pierre Servoir a été inaugurée en 1966. Sur proposition de l’Association des Castors de Champratel, son nom a été adopté à l’unanimité – en même temps que les rue et impasse Michel Védrine et la rue Camille Madrange - par Gabriel MONTPIED et son conseil municipal (arrêté préfectoral du 12 août 1966).

Rue Pierre Servoir à Clermont-Ferrand

Le parcours de Pierre SERVOIR :

Pierre Moïse SERVOIR, "Anatole" dans la Résistance, naît le 28 février 1910 à Boulogne-Billancourt. Menuisier, marié, il avait deux enfants et résidait, en 1944, à La Plaine.

Son dossier d’homologation indique, dans son état des services, qu’il fut « engagé volontaire en juillet 1927 aux dépôts des équipages de la flotte de Toulon. Renvoyé dans ses foyers en juillet 1932. » Soldat dans l’artillerie (classe 1930), il est mobilisé le 4 septembre 1939, puis démobilisé en janvier 1941. Il entre en résistance, début janvier 1944, sous les ordres de Louis BAZIN "Victor," et est directement affecté à la 1ère compagnie sédentaire F.T.P.F., détachement Marat (celui qui a revendiqué l’attentat de la Poterne du 8 mars 1944).

Contrairement aux maquisards, les sédentaires conservaient leur vie habituelle, en famille, au travail, et se réunissaient seulement le temps d’une action - généralement à 3 membres. Ils fuyaient ensuite pour se refondre dans l’anonymat, ce qui rendait forcément leur traque par le SD [Sicherheitsdienst, le service de renseignement des SS]. ou la Milice française plus difficile. Cette tactique est celle des « gouttes de Mercure » : « Le groupe se réunit pour agir, à l'endroit et au moment choisis par lui, déclenche une attaque inopinée, brutale et brève, puis se disloque et disparaît. » (Charles TILLON, chef du Comité Militaire National des F.T.P.F.)

Son arrestation la nuit du 18 au 19 juillet 1944 :

Spécialisé dans des actions de sabotages, "Anatole" est nommé chef de groupe en avril 1944. Malheureusement contrôlé au carrefour des Fourches de Cébazat, dans la nuit du 18 au 19 juillet 1944, alors qu’il revient, avec trois camarades, d’un sabotage de voie ferrée (ligne Clermont-Paris), il est, selon Jean VERNIERE, arrêté par la Feldgendarmerie. Un témoin (jeune F.T.P.F.), a indiqué que ce fut peut-être « sur dénonciation ». Pierre SERVOIR est immédiatement transféré au SD (« gestapo »), avenue de Royat. « Courageux et dévoué, excellent entraîneur d’hommes, (…) torturé, il ne parla pas et ne livra aucun de ses camarades. » Il sera envoyé en déportation à bord du dernier convoi parti du 92, le 20 août 1944. « Pierre Servoir réussit à jeter un papier sur le quai de la gare de Clermont lors de l’embarquement dans ces fameux wagons à bestiaux (chevaux en long : 8, hommes : 40). Un cheminot rapporta ce précieux petit papier à sa femme ; quelques mots émouvants par leur simplicité et leur assurance : « soigne bien les enfants, il n’y en aura pas pour longtemps»». Sa femme était, lors de son départ, enceinte de leur troisième enfant.

"Anatole" sera transféré à Allach, important kommando du KL Dachau, situé à sa proximité et créé en mai 1944. Ce camp « fait travailler les détenus à différents projets et productions : d'abord pour une manufacture de porcelaine, ensuite pour la firme BMW, enfin pour différents chantiers de l'organisation Todt. Il compte jusqu'à 3850 détenus.» Pierre SERVOIR meurt en janvier 1945, à Allach. « Son corps n’a pas pu être identifié et n’a pas été rendu à la famille mais sa mémoire demeure grâce à la rue qui porte son nom. »

Vanessa MICHEL

SOURCES :

-Service Historique de la Défense, Château de Vincennes, dossier d’homologation F.F.I. n°5908, daté du 24 octobre 1946. S.H.D.,  GR 16P 546545

-RÉSISTANCE D’AUVERGNE, bulletin de l’A.N.A.C.R., « Les rues se souviennent- Pierre Servoir », bulletin n°21, janvier 1976

-Livre Mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation

NOTA : Il sera homologué FFI et DIR (déporté et interné de la résistance)

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