Les combats de la Libération de Montluçon

Publié le par Henri-Ferréol BILLY

Le 14 août 1944, les allemands avaient fusillé 42 patriotes, comme nous l'avons expliqué dans le précédent article.

En représailles, et face au reflux progressif des troupes allemandes, les FFI décident d'attaquer la ville de Montluçon où se trouvait une importante garnison allemande.

Valmy (27 août 1945)

Valmy (27 août 1945)

Principaux lieux d'actions à Montluçon et alentours

La décision d'occuper Montluçon est prise dans la nuit du 19 au 20 août, au reçu de renseignements concernant le mauvais état d'esprit des forces allemandes.
Celles-ci comprennent le personnel de l'Etat-major de liaison 786, la Feld-Gendarmerie et quelques unités de SS, soit environ 800 hommes.
Le commandement militaire départemental (Cdt "Fabre") prévoit une opération en trois temps :
1°-Investissement de la ville
2°-Occupation de la ville et investissement de la caserne
3°-Siège de la caserne

Sous-côte 13P63, Service Historique de la Défense, Vincennes

Ce sont près de 1.500 FFI qui se rassemblent pour prendre la ville. Ils sont du Puy-de-Dôme, de la Creuse (notamment sous-secteurs A et C des FTP) et surtout de l'Allier avec des troupes issues tant des FTP (EM FTP, camps Chauvet, du 14 juillet, Müller et Timbaud, les compagnies Alvarez et Pépo, et les Guérilleros espagnols) que des MUR (EM AS-MUR, corps-franc Bonnet-Large, compagnies Brissat, Forgette, Martin, Michel, St-Genès et Villechenon).

Le premier mort pour la Libération de Montluçon sera un membre du camp FTP Timbaud. Le 17 août, il est "mortellement blessé par une balle de mitrailleuse allemande au cours d'un combat contre les allemands au pont St-Pierre, il mourut la nuit suivante à l'hôpital où il fut transporté." La mission de son groupe visait, semble-t-il, l'usine St-Jacques.

Le dimanche 20 août :

L'investissement est exécuté sans difficulté dans la matinée. Les FFI occupent les hauteurs situées à l'ouest et à l'est de la ville. Le sous-préfet engage des négociations avec les allemands pour leur remettre l'ultimatum FFI. Mais les négociations trainant en longueur, les allemands se réorganisent tanids que les FFI resserent leur dispositif autour de la caserne. Vers 20 heures, l'occupation de la ville est quasi achevée.

A Villefranche-d'Allier, deux jeunes auraient donné de fausses informations annonçant l'arrivée de troupes alliées,  ce qui  provoque l'enthousiasme  de la population. Les résistants prennent les armes et se rassemblent à la mairie. Finalement, ce sont quatorze camions allemands venant de Moulins et qui rejoignent la caserne assiégée de Montluçon qui arrivent et encerclent le bourg. Les résistants volontaires se dispersent, mais un membre du camp FTP du 14 juillet est tué, tandis que un de ses camarades est emmené et exécuté à Montluçon (correction du 2 août 2016). La colonne allemande continue ensuite son chemin jusqu'à Montluçon où ils franchissent le barrage de la côte du Châtelard.

Le lundi 21 aout :

Au petit jour, la colonne allemande tient le quartier des fours à chaux où des civils sont abattus. Les allemands, appuyés par des tirs de mortiers, atteignent la caserne vers 11h30. Les allemands font une sortie de la caserne avant de la réintégrer à 17 heures. Entre-temps, les combats ont fait rage.

Ce jour-là sera extrêmement meurtrier. 19 FFI tombent sous les balles, dont 5 identifiés comme FTP et 4 comme MUR.

Le mardi 22 août :

Les FFI ressèrent leur étreinte malgré la pluie qui tombe depuis la veille. Les allemands incendient des maisons tout comme ils l'avaient fait la veille. Ils tentent une sortie pour récupérer un chirurgien mais sont repoussés. Les allemands obtiennent d'évacuer leurs blessés en échange de la reconnaissance des qualités de combattants des FFI.

Un détachement allemand parti de Clermont le 21 août pour secourir la garnison de Montluçon se heurte à des embuscades et des ponts coupés et rebrousse finalement chemin le 23 août. 4 FFI sont tués ce jour-là.

Le mercredi 23 août :

9 FFI tombent dans les combats.

Le jeudi 24 août :

"[...] la compagnie FTP stationnée à l'étang de Sault doit être relevée. C'est le capitaine PLISSON [Pierre PLISSON dit "Dédé", FTP de 30 ans] avec 40 français et 45 espagnols qui prend position.

A Quinssaines, un convoi de 100 camions boches venant de Limoges se dirige vers les casernes. Déjà à plusieurs kilomètres ont entend des coups de feu.

[...] A 11h15, les premiers boches font leur apparition, les camions suivent derrière eux. Feu ! c'est l'attaque rapide, bien menée. de part et d'autres on brûle des cartouches. Et c'est vite le repli car l'ennemi est de beaucoup supérieur en nombre.
[...] Le communiqué FFI signale 10 tués dans ses rangs.
[...] [Les boches] tentent une sortie aux FM [fusils-mitrailleurs] et à la grenade incendiaire. Ils vont jusqu'à la rue d'Argenty non sans laisser de pertes. Ce sont encore des maisons qui brûlent, d'énormes brasiers lancent leurs flammes haut dans le ciel.

LA VICTOIRE
L'ennemi, vers 20h, se dirige vers Domérat, il est battu, il fuit par St-Victor, Vernaise, Cosne. La victoire est à nous. Montluçon est libre. [...]

Valmy, 27 août 1945

La colonne d'allemands et de miliciens venant de Limoges force le passage et parvient à pénétrer dans Montluçon emmenant avec elle le reste de la garnison allemande vers 20 heures. 8 FFI sont tués dans les combats dont 2 FTP de la Creuse et 5 de l'Allier. D'après LEVY et CORDET il y aurait eu 16 morts ce jour-là.

Le vendredi 25 août :

La ville est libérée au prix de 42 FFI tués au combat (d'après mes propres chiffres créés sur la base des noms des tués portés à ma connaissance).

Le reste de la colonne allemande venant de Limoges cherche à franchir le barrage FFI du côté de Quinssaines. Mais, après un engagement qui dure jusqu'au 26 au matin, ils seront obligés de contourner la ville pour se diriger vers Moulins où les combats continueront (article à paraître sur le sujet le 5 septembre).

Le Centre Républicain (extraits des 26, 29 et 30 août 1944)
Le Centre Républicain (extraits des 26, 29 et 30 août 1944)Le Centre Républicain (extraits des 26, 29 et 30 août 1944)Le Centre Républicain (extraits des 26, 29 et 30 août 1944)

Le Centre Républicain (extraits des 26, 29 et 30 août 1944)

Sources :

-le site mémoire des hommes (pour les identités des tués) ;

-MARTRES Eugène, L'Auvergne dans la tourmente, 1939-1945, 1998

-CORDET Francis et LEVY Gilles, "Août 1944, l'Auvergne insurgée" dans La Résistance Auvergne, Limousin, Bourbonnais, 1975

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