Les combats de la Libération de Montluçon
Le 14 août 1944, les allemands avaient fusillé 42 patriotes, comme nous l'avons expliqué dans le précédent article.
Les 42 fusillés de la carrière des Grises - Histoire et Généalogie
Le 12 août 1944, vers 14h45, 50 hommes du corps-franc Bonnet-Large des MUR (Mouvements Unifiés de la Résistance) attaquent un convoi allemand entre Doyet et Bézenet, à l'est de Montluçon. Ce ...
http://histoire-et-genealogie.over-blog.com/2015/08/42-fusilles-carriere-grises.html
En représailles, et face au reflux progressif des troupes allemandes, les FFI décident d'attaquer la ville de Montluçon où se trouvait une importante garnison allemande.
Principaux lieux d'actions à Montluçon et alentours
La décision d'occuper Montluçon est prise dans la nuit du 19 au 20 août, au reçu de renseignements concernant le mauvais état d'esprit des forces allemandes.
Celles-ci comprennent le personnel de l'Etat-major de liaison 786, la Feld-Gendarmerie et quelques unités de SS, soit environ 800 hommes.
Le commandement militaire départemental (Cdt "Fabre") prévoit une opération en trois temps :
1°-Investissement de la ville
2°-Occupation de la ville et investissement de la caserne
3°-Siège de la caserne
Ce sont près de 1.500 FFI qui se rassemblent pour prendre la ville. Ils sont du Puy-de-Dôme, de la Creuse (notamment sous-secteurs A et C des FTP) et surtout de l'Allier avec des troupes issues tant des FTP (EM FTP, camps Chauvet, du 14 juillet, Müller et Timbaud, les compagnies Alvarez et Pépo, et les Guérilleros espagnols) que des MUR (EM AS-MUR, corps-franc Bonnet-Large, compagnies Brissat, Forgette, Martin, Michel, St-Genès et Villechenon).
L'investissement est exécuté sans difficulté dans la matinée. Les FFI occupent les hauteurs situées à l'ouest et à l'est de la ville. Le sous-préfet engage des négociations avec les allemands pour leur remettre l'ultimatum FFI. Mais les négociations trainant en longueur, les allemands se réorganisent tanids que les FFI resserent leur dispositif autour de la caserne. Vers 20 heures, l'occupation de la ville est quasi achevée.
A Villefranche-d'Allier, deux jeunes auraient donné de fausses informations annonçant l'arrivée de troupes alliées, ce qui provoque l'enthousiasme de la population. Les résistants prennent les armes et se rassemblent à la mairie. Finalement, ce sont quatorze camions allemands venant de Moulins et qui rejoignent la caserne assiégée de Montluçon qui arrivent et encerclent le bourg. Les résistants volontaires se dispersent, mais un membre du camp FTP du 14 juillet est tué, tandis que un de ses camarades est emmené et exécuté à Montluçon (correction du 2 août 2016). La colonne allemande continue ensuite son chemin jusqu'à Montluçon où ils franchissent
Les FFI ressèrent leur étreinte malgré la pluie qui tombe depuis la veille. Les allemands incendient des maisons tout comme ils l'avaient fait la veille. Ils tentent une sortie pour récupérer un chirurgien mais sont repoussés. Les allemands obtiennent d'évacuer leurs blessés en échange de la reconnaissance des qualités de combattants des FFI.
9 FFI tombent dans les combats.
"[...] la compagnie FTP stationnée à l'étang de Sault doit être relevée. C'est le capitaine PLISSON [Pierre PLISSON dit "Dédé", FTP de 30 ans] avec 40 français et 45 espagnols qui prend position.
A Quinssaines, un convoi de 100 camions boches venant de Limoges se dirige vers les casernes. Déjà à plusieurs kilomètres ont entend des coups de feu.
[...] A 11h15, les premiers boches font leur apparition, les camions suivent derrière eux. Feu ! c'est l'attaque rapide, bien menée. de part et d'autres on brûle des cartouches. Et c'est vite le repli car l'ennemi est de beaucoup supérieur en nombre.
[...] Le communiqué FFI signale 10 tués dans ses rangs.
[...] [Les boches] tentent une sortie aux FM [fusils-mitrailleurs] et à la grenade incendiaire. Ils vont jusqu'à la rue d'Argenty non sans laisser de pertes. Ce sont encore des maisons qui brûlent, d'énormes brasiers lancent leurs flammes haut dans le ciel.
LA VICTOIRE
L'ennemi, vers 20h, se dirige vers Domérat, il est battu, il fuit par St-Victor, Vernaise, Cosne. La victoire est à nous. Montluçon est libre. [...]
La colonne d'allemands et de miliciens venant de Limoges force le passage et parvient à pénétrer dans Montluçon emmenant avec elle le reste de la garnison allemande vers 20 heures. 8 FFI sont tués dans les combats dont 2 FTP de la Creuse et 5 de l'Allier. D'après LEVY et CORDET il y aurait eu 16 morts ce jour-là.
La ville est libérée au prix de 42 FFI tués au combat (d'après mes propres chiffres créés sur la base des noms des tués portés à ma connaissance).
Sources :
-le site mémoire des hommes (pour les identités des tués) ;
-MARTRES Eugène, L'Auvergne dans la tourmente, 1939-1945, 1998
-CORDET Francis et LEVY Gilles, "Août 1944, l'Auvergne insurgée" dans La Résistance Auvergne, Limousin, Bourbonnais, 1975