70 ans après : identification du corps d'un résistant

Publié le par Henri-Ferréol BILLY

Emplacement approximatif du campement de Veauce (camp FTP Dionnet) où sera retrouvé le corps de Bernard TOURETTE

Le 24 juillet 1944, lendemain de l'attaque allemande sur le campement de Veauce où stationnait le camp FTP Gabriel Dionnet, des témoins découvrirent un corps non identifié carbonisé dans un camion. Le corps restera non identifié et "oublié" pendant 70 ans.

En commençant mes recherches sur le camp Dionnet-Marceau, j'ai découvert l'acte de décès l'acte de décès de Bernard TOURETTE né le 23 juin 1924 à Herserange (Meurthe-et-Moselle) et déclaré décédé à Veauce le 23 juillet 1944 par jugement du 30 mars 1960 du Tribunal de Grande Instance de Cusset. Ce jugement a été créé sur requête du père de la victime. On ne sait pas exactement comme il a pu reconstituer ce qui est arrivé à son fils.

Le jugement du 30 mars 1960 expose :

Que le vingt trois juillet mil neuf cent quarante quatre un échange de coups de feu a eu lieu dans les bois situés sur le territoire de la commune de Veauce (Allier) entre les troupes d'occupation allemandes et un groupe de résistants Français qui cantonnaient dans cette région, que plusieurs de ces derniers furent tués et leurs corps transportés au cimetière d'Ebreuil, où ils ont été inhumés après avoir été déposés dans des cercueils munis chacun d'une plaque portant leur nom.

Que l'un des corps ainsi enseveli est celui de Bernard Gilbert Henri TOURETTE [...]

Jugement du 30 mars 1960

Effectivement un rapport daté du 16 septembre 1944 mentionne parmi 15 corps de résistants tués le 23 juillet celui de "Alfred" TOURET Bernard. Les corps seront exhumés le samedi 23 septembre, celui de Bernard TOURETTE se trouvant à Vicq. Une partie d'entre eux, dont celui de Bernard TOURETTE, seront inhumés le dimanche 24 à Ebreuil.

Le nom de Bernard TOURETTE sera par la suite oublié puisqu'on ne le retrouvera ni sur les documents de son camp d'affectation, le camp FTP Jean Chauvet, ni sur la plaque de Veauce.

Bernard TOURETTE au jardin Lecocq

Bernard TOURETTE au jardin Lecocq

La redécouverte de l'acte de décès début 2014, me permettra d'interroger la mairie du lieu de naissance de Bernard TOURETTE, à savoir celle d'Herserange (Meurthe-et-Moselle) qui découvrit à cette occasion que l'un de ses administrés était mort pour la France. La mairie me mis en relation avec un des derniers membres de la famille du résistant, Claude TOURETTE, ce qui me permis de reconstituer une partie de son parcours et de confirmer le lien que j'avais effectué entre le corps retrouvé carbonisé et Bernard TOURETTE.

En 1940 sa famille se replie d'Alsace sur Clermont-Ferrand, étant originaires d'Auvergne. En 1943, tandis que le père, maroquinier, emmène la famille (ils étaient 10 frères et sœurs) dans le Cantal, Bernard TOURETTE rentre à l'âge de 18 ans aux Compagnons de France et travaillera par la suite au centre d'alimentation de Vichy. En juillet 1943, des animateurs des Compagnons de France sont soupçonnés de dissidence. Les allemands n'avaient pas accepté le mouvement en zone nord, qui sera dissout à leur demande le 15 janvier 1944. Bernard TOURETTE était apparemment domicilié à Commentry quand il rejoindra la résistance en mai 1944. Il faisait partie du camp Jean Chauvet, qui le 23 juillet était stationné dans les bois du Châtelard à 5 Km au sud du bois de Veauce, où il était sergent et chef de groupe.

La cérémonie de l'attaque du 23 juillet 1944, qui a lieu chaque année à l'initiative de la section de Chantelle de l'ANACR 03, fut l'occasion de rendre pour la première fois un hommage à Bernard TOURETTE et ce en présence en présence d'un membre de sa famille, à savoir son dernier frère : Claude. Un grand moment d'émotion 70 ans après.

Claude TOURETTE (frère du résistant) et l'auteur le 26 juillet 2014 à Veauce

Claude TOURETTE (frère du résistant) et l'auteur le 26 juillet 2014 à Veauce

Suite à mes travaux, le nom de Bernard TOURETTE a été rajouté sur la plaque du monument aux morts de la commune de Veauce (voir ci-dessous).

(mis à jour le 30 juillet 2015)

Mots clés : Résistance ; bois de Veauce ; forêt des Colettes ; Lalizolle ; juillet 1944 ; camp Dionnet ; camp Dionnet-Marceau ; maquis

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