A la recherche des archives disparues

Publié le par Henri-Ferreol BILLY

A la recherche des archives disparues
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L'avantage de la période contemporaine en termes d'archives c'est son foisonnement, qui est aussi son inconvénient. 

J'avais déjà évoqué dans un précédent article les sources disponibles pour la seconde guerre mondiale (en fait celles que j'utilise) :

L'organisation administrative fait que des rapports vont circuler entre différents services et permettront ainsi parfois de retrouver des éléments manquants. Ainsi, les registres de correspondance de la gendarmerie de Gannat (bataillon et section) sont manquants sur certaines périodes. Mais on pourra trouver des rapports dans des dossiers SRPJ, du SRCGE, de la Cour de Justice ou de la préfecture. Ce sont ces différentes liaisons entre fonds d'archives que j'ai tenté de mettre en évidence dans ce schéma ci-dessous

Schéma des fonds d'archives

Schéma des fonds d'archives

Mais tout n'est pas évident. Entre la théorie et la pratique, il y a toujours des différences comme dans deux cas que j'ai rencontré au cours de mes recherches.

Les archives de deux administrations temporaires à Gannat :

En septembre 1944, à Gannat ont été créés un commissariat de police et une sous-préfecture. La création du commissariat était une demande de longue date, justifiée pendant la guerre par la présence de nombreuses forces de l'ordre à Gannat, ville considérée comme un des verrous de Vichy par le plan de maintien de l'ordre. Gannat avait été sous-préfecture jusqu'en 1926 et pendant la guerre, la recréation d'une sous-préfecture avait également était évoquée. La création de ces deux administrations en septembre 1944 allait donc de soi, d'autant plus au vu du contexte de l'époque.

Ces deux administrations ont eu une activité certaine, notamment dans le cadre de l'épuration. On trouve ainsi des courriers du commissariat de Gannat ou de la sous-préfecture dans différents dossiers soit de la préfecture de l'Allier, soit d'enquêtes. Tous deux ont fermés en janvier 1945. Logiquement leurs archives ont été transférées à Vichy (commissariat et sous-préfecture). Logiquement. Contactée en mars 2021, la sous-préfecture de Vichy n'était pas informée qu'une sous-préfecture ait existée à Gannat entre septembre 1944 et janvier 1945. Aucun fonds spécifique à ces services n'a été versé aux archives départementales. Rien n'a été conservé dans les anciens locaux qu'ils occupaient à Gannat. Bref, que sont devenues ces archives ? La question est d'autant plus cruciale que le commissariat de Gannat avait visiblement mis la main sur un registre allemand contenant des informations sur les personnes entrées en contact avec eux...

A la recherche du dossier de X

X est un jeune homme qui s'est laissé convaincre par la facilité de gagner de l'argent en procédant à des dénonciations. Poursuivi à la Libération, il sera condamné à mort par la cour martiale de l'Allier qui a fonctionné du 2 au 7 octobre 1944. La cour martiale étant une juridiction militaire, ces archives sont conservées au DCAJM, au Blanc (Indre). Or, si le DCAJM conserve bien la décision, en revanche aucune trace du dossier... Aucune trace de dossier non plus aux AD 03 et 63.

Résigné, j'ai continué de faire mes recherches de façon un peu générale. Bien m'en a pris. Dans les archives de la DST, aux Archives Nationales, je suis tombé sur le procès-verbal de son audience ! Un peu plus tard, j'ai trouvé d'autres documents complémentaires dans les archives du CDL de l'Allier déposées aux AD 03. Le final sera la découverte de son dossier de procédure qui avait été joint à celui d'un autre condamné pour les mêmes faits... la boucle était bouclée !

Même si certaines archives ont "disparu" (récupérées par des personnes privées ?), d'autres détruites alors qu'elles n'auraient pas dû l'être (vraisemblablement le cas de registres de gendarmerie), la quantité d'archives contemporaines permet de compenser certains manques en attendant la découverte de fonds "cachés" (sait-on jamais...).

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