L'attaque de l'hôtel de l'écu du 27 juillet 1944 (partie 1)

Les faits ont fait l'objet d'une publication dédiée de la part d'André BISSON (2005) mais malheureusement assez incomplète. André SEREZAT (1984) et André TOURRET (2003) ont consacré quelques pages au sujet.

Avec des sources complémentaires, je vous propose de revisiter ces évènements, sans toutefois être exhaustif et sans revenir en détails sur les éléments déjà connus du public.

Préparatifs de l'opération

Le PPF (Parti Populaire Français), créé par le renégat DORIOT et principal parti de collaboration, avait créé officiellement en avril 1944 des Groupes (ou comités) d'action et de justice sociale. Sorte de milice du PPF, ils avaient également pour objectif de retrouver les réfractaires au STO. On en trouve dans les principales villes. A Clermont-Ferrand, le GAJS se confondait avec l'Office de Placement Allemand.

Polices des temps noirs. France 1939-1945 - Jean-Marc Berlière

La première somme sur toutes les forces de polices et de gendarmeries durant la Collaboration. Un grand dictionnaire appelé à faire date. La "police" qui est au centre de ce travail est à compr...

https://www.decitre.fr/livres/polices-des-temps-noirs-9782262035617.html

Voir le livre de JM BERLIERE

A Montluçon, avec une vingtaine de membres, ils logent à l'hôtel de l'écu, place des Ayards à Montluçon. L'établissement avait d'abord été réquisitionné le 10 juin pour la LVF, puis le 29 au profit du GAJS.  

A leur tête on trouve Jean LAMY (né en 1888), arrivé à Néris-les-Bains en juillet 1942 et qui semble avoir pris les rênes du PPF de l'Allier dès avant juin 1943.

Hôtel de l'écu place des trois Ayards (depuis place Louis Bavay)

Les membres du PPF sont devenus des cibles dans l'Allier. Ainsi à Montluçon, ce fut le cas de DUGUET (mars 1944) ou LAPALUN (juillet 1944) tous deux exécutés. On note deux autres exécutions de membres du PPF à la Libération.

Une tentative le 24 juillet

Le 24 juillet après-midi, une femme blonde se présente à l'hôtel de l'écu et demande à rencontrer le chef LAMY qui refuse de la recevoir et envoie à sa place des membres du PPF. Ils suivent la jeune femme jusqu'à une voiture d'où partent des coups de feu. Bilan : un grièvement blessé, deux plus légèrement.

Dans son livre, Alain BISSON reproduit le témoignage du "maquis FFI de Chambon-sur-Voueize" dépendant du bataillon Stoquer. La jeune femme serait une transfuge et ils revendiquent 3 à 8 morts et 20 blessés. Dans les échanges de tir, les résistants auraient été obligés de laisser leur véhicule.

Le dossier d'homologation "AS : Groupe de Bataillons Jack" rapporte simplement, courant juin, avoir mené une attaque contre le siège de la Milice (sic) à Montluçon avec 35 hommes en indiquant avoir fait sauté le siège à la dynamite. On peut noter que le camp FTP du 14 juillet revendique une opération contre la Milice (sic) le 24 juillet avec 8 hommes.

Préparatifs du 27 juillet

L'EM FFI a pris la décision d'organiser une opération contre le PPF. D'après Roger SANDRIER (voir son témoignage publié) à cause de leurs exactions. D'après BISSON, l'opération avait initialement été programmée pour délivrer environ 35 hommes raflés à Huriel et Domérat (42 d'après BISSON). Ils auraient été déportés, mais, non répertoriés comme tel, il faut plutôt croire qu'ils ont été envoyés en Allemagne au titre du STO.

Quoi qu'il en soit, on impute aux membres du PPF des visites domiciliaires, des perquisitions et des arrestations hors cadre légal, ce qui vaudra une demande d'information du procureur de la République de Montluçon auprès du commissaire de police et une attitude plutôt hostile de la population.

SANDRIER rapporte que les FTP auraient fourni 4 véhicules sur 11 avec 4 hommes pour chaque véhicule ce qui se rapproche des chiffres donnés par le camp Drouillat (15 hommes et 5 véhicules), maquis FTP qui participe à l'opération. Côté AS, le groupe Jenn indique avoir fourni 18 hommes chargés de la surveillance et de la protection de la colonne. Côté MUR, le corps-franc Bonnet-Large compte 35 hommes. Ce qui ferait un total théorique de 78 hommes. L'État-Major FFI indique pour sa part que 120 hommes ont participé à l'opération.

COURTEAU (rapporté par BISSON) mentionne 10 voitures (8 MUR et 2 FTP), avec une organisation prévue de 3 voitures en attaque et de 7 en couverture.

Pour connaître, le déroulement de l'opération, se reporter à la partie 2 (à paraître).

Le camp FTP Drouillat (partie 1) - Histoire et Généalogie

J'essaye de continuer dans les histoires des maquis FTP de l'Allier. (mise à jour le 25 mars 2020). Cette page présente de façon synthétique, les différentes formations FTP de l'Allier, et dan...

https://histoire-et-genealogie.over-blog.com/2020/03/camp-ftp-drouillat-1.html

Pour aller plus loin : sur le camp Drouillat