La belle-mère empoisonneuse

Publié le par Henri-Ferreol BILLY

Sur mon blog, j'ai déjà présenté deux affaires judiciaires survenues à proximité de ma zone d'étude généalogie (la région de Gannat) à savoir un meurtre par amour en 1866 et des meurtres familiaux en 1811.

La famille PONCET :

Cette fois-ci, je vais présenter une affaire qui touche un membre de ma généalogie, issu de la famille PONCET déjà évoquée dans un article.

Pierre PONCET, né en 1813 est le frère, mais aussi le beau-frère de Pierre PONCET né en 1830 et qui faisait l'objet de l'article ci-dessus.

Extrait de la généalogie de la famille PONCET

Extrait de la généalogie de la famille PONCET

Pierre PONCET, facteur rural à Cusset épouse, à l'âge de 25 ans, en 1839 à La Chapelle (ci-dessous) Claudine BRUGIERE âgée de 18 ans, fille de d'Antoine BRUGIERE et de Marie THEVENET.

Extrait du mariage PONCET x BRUGIERE (AD03 côte 2 Mi EC126 3)

Extrait du mariage PONCET x BRUGIERE (AD03 côte 2 Mi EC126 3)

La Chapelle (Allier)

Le couple aura au moins deux filles nées en 1841 et 1842 à La Chapelle, vraisemblablement chez leurs grand-parents comme souvent à cette époque.

En 1854, basculement :

Mais la vie de la petite famille bascule en 1854 comme l'explique ce numéro du Journal des débats politiques et littéraires.

L'audience de la cour d'assises de l'Allier du 5 avril 1854 se réunit pour une affaire de tentative d'homicide :

Marie Thévenot, femme Bregères, est accusée d'avoir à plusieurs reprises, et notamment les 15 et 22 janvier 1854 volontairement attenté à la vie de Pierre Poncet par l'effet de substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4501535/f3.item.r=%22pierre%20poncet%22.zoom

Hélène THEVENOT épouse BRUGIERE reprochait à son gendre "ses mauvaises habitudes d'ivrogne" ainsi que "quelques spéculations hasardées qui avaient pu affecter l'avoir de la communauté". Aussi, elle avait projeté de dissoudre la communauté mais sa fille s'y était opposé. Elle avait évoqué la mort de son gendre devant plusieurs personnes et avait fini par se résoudre de passer à l'action.

Depuis 5 à 6 mois, Pierre PONCET avait des douleurs au ventre. Le 15 janvier en mangeant sa soupe du matin, Pierre PONCET est pris de violentes coliques. Le 22 janvier les mêmes faits se reproduisent. En examinant avec sa femme les parois du vase de soupe, ils découvrent de parcelles de cantharide.

La cantharide est un insecte utilisé à petite dose comme aphrodisiaque, mais à fortes doses il est mortel.

Une cantharide (famille des coléoptères)

Une cantharide (famille des coléoptères)

Condamnation et exécution de la décision :

L'accusée sera condamnée à 15 ans de travaux forcés, comme prévu par le code pénal de 1810 :

Art. 15. Les hommes condamnés aux travaux forcés seront employés aux travaux les plus pénibles; ils traîneront à leurs pieds un boulet, ou seront attachés deux à deux avec une chaîne, lorsque la nature du travail auquel ils seront employés le permettra.

Art. 16. Les femmes et les filles condamnées aux travaux forcés n'y seront employés que dans l'intérieur d'une maison de force.

https://criminocorpus.org/fr/outils/bibliographie/consultation/glossaire/95/

La peine est à exécuter dans une maison de force :

Le 2 avril 1817, une ordonnance royale divise les maisons centrales de détention, d’une part en maison de force, pour les individus des deux sexes condamnés à la peine de réclusion, ainsi que pour les femmes et les vieillards condamnés aux travaux forcés, et d’autre part en maison de correction, pour les condamnés par voie de police correctionnelle. Dans les faits, ces deux centres sont bien souvent fondus en un seul, divisé en quartiers plus ou moins hermétiques.

https://aaf.ica-atom.org/maison-centrale-de-force-et-de-correction-commune-departement

Où a-t-elle exécuté la décision ? En effet, l'article 4 de la loi du 30 mai 1854 sur les maisons de force prévoit que les femmes condamnées peuvent également être envoyées dans les colonies. Cependant, elle n'a vraisemblablement pas exécuté sa peine dans un bagne colonial (son nom introuvable dans la base de données de l'ANOM), sûrement au vu de son âge (57 ans moment de sa condamnation et non 64 ans contrairement à ce qu'indique le journal).

Par contre, elle a très sûrement été envoyée à la maison centrale de détention de Clairvaux dans l'Aube (abbaye transformée en prison en 1808). En effet, c'est sur la commune de la Ville-sous-Ferté, où se trouve la maison centrale, qu'elle décède le 19 mars 1857 loin des siens à l'âge de 60 ans.

Préau principal de la maison centrale de Clairvaux

Préau principal de la maison centrale de Clairvaux

Cusset et Ville-sous-la-Ferté

-mes articles de généalogie

Publié dans Histoire, Généalogie

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