Les victimes de la Répression dans l'Allier (1940-1945)

Publié le par Henri-Ferreol BILLY

Parallèlement à mes travaux, j'ai réalisé des plusieurs fichiers, dont certains concernent les victimes de la Répression. L'élaboration de ces fichier s'est appuyée sur diverses listes croisées au cours de mes recherches ainsi que sur le travail de l'AFMD notamment.

Je précise que s'agissant de l'épuration j'ai déjà donné quelques éléments chiffrés (voir ici). Il faut préciser que les recherches actuelles permettraient d'établir le nombre d'épurations extra-judiciaires à environ 180, soit un chiffre assez éloigné de celui de 123 avancé par ROUGERON.

J'ai essayé d'établir des décomptes qui pourront difficilement être exhaustifs, maquis qui permettent de se rendre compte de l'ampleur de la répression. Par ailleurs, je comparerais mes chiffres avec ceux donnés par le Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale (CHDGM).

Les internés

Un fichier de la préfecture donne le chiffre de 481 arrêtés d'internement pris sur décision préfectoral (à comparer aux 273 comptabilisés par le CHDGM), étant précisé que 7 n'ont pas pu être exécutés. Un quart ont été internés au camp de Nexon (Haute-Vienne).

La moitié des internés le seront par ailleurs en Haute-Vienne (Nexon, St-Paul-d'Eyjaux et St-Germain-les-Belles). L'autre moitié se réparti dans une quinzaine de camps : Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence), Mons (Puy-de-Dôme), Fort-Barraux (Isère), Rieucros (Ariège), etc.

Une partie des internés a connu par la suite d'autres formes de répression :

  • 31 ont été déportés dont 12 ne sont pas rentrés ;
  • 3 ont été fusillés ou sont mort au combat

Robert FALLUT donne quelques parcours d'internés :

Les déportés

Le travail remarquable de l'AFMD permet d'avoir un aperçu des parcours individuels et d'obtenir des chiffres fiables sur lesquels je m'appuie ci-dessous.

Le CHSGM donne les chiffres suivants :

Déportés hommes femmes enfants totaux
rentrés 354 54 3 411
non rentrés 347 69 22 438
totaux 701 123 25 849
sort inconnu 7      

Mais ces chiffres sont sous-évalués, s'agissant notamment du nombre de "non rentrés" de déportation : près de 760 (selon le décompte des biographies sur le site de l'AFMD), soit 300 de plus que les chiffres du CHSGM. En revanche, pour les déportés rentrés l'écart est plus minime. Le nombre de déportés serait au total d'environ 1 200.

On peut signaler le cas particulier des juifs qui représentent 33% des déportés mais 48% des morts en déportation. En fait, 91% ne sont pas rentrés (contre 4% du reste du corpus).

Les arrêtés

Les arrestations "seules" (non suivies de déportation ou d'exécution) sont le plus compliquées à recenser, car toutes ne sont pas recensées. On en compterait environ 1 000. Si on compte toutes les arrestations survenues, les chiffres montrent de façon assez claires une intensification de la répression, accrue par l'invasion de la zone sud.

Voici les chiffres par année :

1940 : 150

1941 : 272

1942 : 750

1943 : 1 536

1944 : 2 084

On remarque quelques pics :

  • octobre 1940 : 38 arrestations, liées aux internements ;
  • janvier 1942 : 51 arrestations, liées à l'infiltration du PCF ;
  • août 1942 : 110 arrestations dont la moitié les 26 et 27 correspondent à une rafle de juifs ;
  • janvier 1943 : 52 arrestations, la plupart suite à la manifestation du 6 à Montluçon ;
  • mars 1944 : 112 arrestations, notamment les rafles de Cindré du 18 et de la région de St-Pourçain le 21 avec respectivement 19 et 31 arrestations ;
  • mai 1944 : 229 arrestations, soit 1/9e de l'année 1944 comprenant plusieurs rafles de juifs ;

Les mois suivants sont "plus calmes" avec 163 arrestations en juin et 193 en juillet, notamment parce qu'aux arrestations succèdent les exécutions.

Les "fusillés"

Ces chiffres ont fait l'objet de présentations lors du colloque de Clermont-Ferrand (2022).

Ceux donnés par le CHSGM sont les suivants :

fusillés, exécutés sommairement (FFI, civils, otages) 194
victimes civiles 73
FFI tués au combat 74
exécutions massives 42
TOTAL 383

Ces chiffres sont assez précis puisque que sont actuellement en ligne 401 biographies (et 17 monographies) auxquelles il faudra ajouter 10 biographies, menant à un total de 411 biographies de "fusillés" (selon les critères du Maitron des fusillés). L'écart avec les relevés du CHSGM est donc assez faible et est vraisemblablement dû aux critères. Il faut cependant préciser que le dictionnaire ne prend pas en compte les résistants morts après la libération officielle de chaque département.

Synthèse des 3 000 victimes de la répression

Synthèse des 3 000 victimes de la répression

Les morts dans les bombardements Alliés

Ils résultent du bombardement de la nuit du 15 au 16 septembre 1943 sur Montluçon et ses alentours :

- 54 morts sont relevés le 16 ;

- 11 les jours suivants (le dernier mort recensé étant décédé le 28 novembre 1943)

Des familles entières sont fauchées. La plus jeune victime a 10 mois, la plus âgée 80 ans.

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