De l'importance de citer ses sources : l'exemple de Dominique LORMIER

Une des marques d'un historien fiable, c'est de citer ses sources. Pourquoi citer ses sources ? Cela permet d'une part à l'historien qui écrit de justifier des informations qu'il avance et d'autre part à la personne qui souhaite vérifier les informations de consulter la source citée.

Un des problèmes de Jean DEBORDES est qu'il n'en cite aucune... ce qui permet de raconter ce qu'il veut sans qu'il soit possible de vérifier...

D'autres citent des sources, mais invérifiables... Si on cite une source, il faut qu'elle soit donnée de façon détaillée. Sinon, cela ne sert à rien.

Dominique LORMIER est champion en la matière. Par exemple, dans un de ses derniers livres (Les 100 000 collabos, Cherche Midi, 2017) une des seules sources qu'il vise c'est les Archives Nationales. Sans plus de précisions...

Pour cette citation par exemple, on pourra noter qu'on la trouve très facilement sur internet... On peut donc facilement présumer qu'elle n'est absolument pas issue d'archives...

En 2016 un collectif d'historiens basques dénonçait un plagiat de sa  part. 

On peut noter qu'en 2016 il revendiquait avoir écrit 122 livres en 30 ans, soit 4 livres par an... D'après un éditeur, en 2021 il en aurait publié 170, soit presque 5 par an en 35 ans (4,8 par an plus précisément. Difficile d'avoir le temps de consulter des sources dans ces conditions...

Ce tel rythme d'édition peut s'expliquer. On peut noter ainsi que d'un livre à l'autre il reprend les mêmes informations parfois in extenso. Ici, dans Les 100 000 collabos (p.81-82) une citation attribuée à KOENIG (avec pour seule sources "Archives Nationales") est reprise avec la même phrase d'accroche :

Mais au lieu des "Archives Nationales" elle semble venir d'un livre de 1974 :

Même schéma pour une phrase (p.62) attribuée à un rapport allemand d'août 1940 avec comme source donnée les archives militaires de Fribourg. Sauf que la phrase est copiée d'un livre de 1980 Les Allemands en France (1940-1944) de  Lucien STEINBERG (extrait de l'ouvrage surligné en jaune ci-dessous).

Toujours sur la même page un paragraphe entier est en fait copié directement d'un de ses livres publiés en 2013 (La Gestapo et les français).

Page 63 une citation de Mgr SALIEGE serait issue des archives du Centre Jean Moulin de Bordeaux. LORMIER l'utilise déjà dans un livre de 2018. Il est très probable qu'il l'ait piochée dans un article de 1988 :

On pourrait continuer sur tout le livre, mais les conclusions en seraient très probablement les mêmes à chaque fois... On peut noter la facilité de l'auteur à ne pas produire du neuf en reprenant les mêmes informations dans ses livres successifs mais aussi à "inventer" des sources pour ne pas citer les livres sur lesquels il s'appuie. Bref, pas étonnant qu'il puisse publier aussi rapidement ! Cette méthode explique peut-être aussi le fait que cet essayiste fasse appel à autant d'éditeurs différents...

De quoi remettre au rang qui est le sien celui qui serait "le plus grand spécialiste français de la seconde guerre mondiale et de la Résistance"...