Faut-il lire Jean DEBORDES ? (partie 2)

Publié le par Henri-Ferreol BILLY

Nous avons présenté dans une première partie qui était Jean DEBORDES.

Voyons dans une deuxième partie les livres qu'il a produit.

Il écrit lui même (introduction de L'Allier dans la guerre) "j'ai entrepris cette tâche, non comme un historien, mais comme un journaliste d'investigation." C'est là l'une des principales difficultés. La démarche de DEBORDES n'a rien de la rigueur d'un historien (précisions qu'on peut être historien sans études d'histoire, ce qui compte c'est la rigueur dans la démarche). Ainsi, les sources ne sont absolument pas détaillées, ce qui empêche de vérifier l'origine des informations, les sources ne sont pas croisées et les informations non vérifiées. Nous en donnerons plusieurs exemples.

Tout d'abord, il faut constater que ses livres sont tous une suite de différentes histoires se succédant parfois sans lien les unes avec les autres. Il n'y a donc pas de récit construit.

Couverture de paroles de résistants

Couverture de paroles de résistants

Quel est son objectif ? "rétablir l'histoire de cette période dans sa totale vérité", tirer "des récits différents de la version officielle". Il se présente donc presque comme un redresseur de torts, voulant apporter la lumière de la vérité. Déjà on peut s'interroger sur la "version officielle" à laquelle il souhaite s'opposer. De quelle version veut-il parler ? Un des principaux auteurs est Georges ROUGERON (1911-2003) homme politique qui devint secrétaire du Comité Départemental de Libération de l'Allier. Il écrit donc en tant qu'acteur en ayant des positions à défendre voir des justifications à apporter. Il a rédigé plus de 50 livres, les trois principaux étant La résistance dans le département de l'Allier (1964) et Le département de l'Allier sous l'État français (1969) réédité en 1983.

Deux autres auteurs locaux étaient communistes : André SEREZAT (1927-2017) qui a publié deux livres : Et les Bourbonnais se levèrent (1985, deux rééditions) et De Vichy à Valmy (1995).

Le troisième auteur est Robert FALLUT (1923-2013) résistant FTP déporté. Il a rédigé trois études "locales" consacrées l'un à une formation FTP et les autres à une zone géographique : 1939-1945, la résistance du tract à la lutte armée dans l'Allier (2008), Ygrande 1939-1945, résistance (non édité) et Faits divers 1939-1945, dans le canton de Bourbon-l'Archambault (2003).

Nous avons donc quatre auteurs sur la même période, tous nés dans la même décennie. Quatre auteurs, mais pas le même passé et pas la même vision. Difficile d'y voir une histoire officielle...

Ensuite, DEBORDES veut rétablir la vérité (selon ses propres termes). D'abord qu'est-ce que la vérité chacun ayant sa propre vision des faits, notamment 50 ans après. Les principales sources de DEBORDES sont des témoignages, 142 pour sa première édition. Or un témoignage, comme toute source, doit être mesuré et comparé. Enfin, à l'époque où il écrit, l'accès n'était pas encore possible à toutes les sources écrites. Il ne sera possible qu'à partir de 2015 :

DEBORDES compte donc faire passer certains messages via ses écrits.

Nous verrons dans une 3e partie différents sujets qui posent problème.

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