Un article un peu particulier cette fois-ci. Il s'agit d'être le relais du travail effectué pour le Maitron des fusillés (auquel je participe). Voici une lettre diffusée en juin invitant à contribuer à ce projet.

Dictionnaire biographique : fusillés, exécutés, guillotinés, massacrés, 1940-1944

Mardi 29 mai 2018, une réunion de présentation du Dictionnaire des Fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés, 1940-1945 et du projet de continuation du Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, dit le Maitron, pour la période 1968-1981, a été organisée à Clermont-Ferrand en présence de Claude Pennetier et Paul Boulland, co-directeurs de ces dictionnaires.

Cette rencontre s’est tenue à la Maison des sciences de l’homme, en présence du directeur du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » (Université Clermont-Auvergne).

L’objectif de cette réunion est d’aider à la mise en place d’un travail collectif à l’échelle des 4 quatre départements de l’Auvergne pour d’enrichir ces bases de données en ligne.

Celle des fusillés, intégrée dans la base générale du “Maitron” tout en bénéficiant d’un affichage spécifique sur son portail internet, vise à terme à présenter l’inventaire le plus complet possible des exactions nazies, fascistes et vichystes et de leurs victimes. Ceci suppose le recensement de l’ensemble des personnes tuées sur le territoire entre 1940 et 1945 dans le cadre de la répression et en particulier des actions de résistance (exécutés sommaires, fusillés après condamnation, morts en action, civils massacrés, otages tués, etc.). À l’échelle de l’Auvergne, bien qu'un travail important ait déjà été réalisé, des centaines de noms restent à identifier et à intégrer. La base de donnée “Fusillés” propose également des notices de quelques lignes ou pages sur les lieux d’exécutions dites monographies de lieux d'exécution. Très peu de notices ont été réalisées pour l'Auvergne jusqu'à présent.

Le Dictionnaire des fusillés est un programme collectif et collaboratif. Il est l’œuvre de personnes ou groupes de personnes, universitaires, enseignants du second degré, membres d’associations (d’anciens résistants ou déportés,  culturelles et historiques, etc.), érudits, militants politiques ou syndicaux... C'est l’association « Pour un Maitron des Fusillés et exécutés »  qui au niveau national met en œuvre le Dictionnaire. Il est possible d'y adhérer et ainsi aider à son fonctionnement :

Le Dictionnaire est constitué des notices biographiques de chaque personne tuée, ces notices devant respecter un certain nombre de règles dans leur présentation et leur contenu. Un vadémécum détaille l’ensemble des consignes pour rédiger une notice. Les rédacteurs peuvent être également formés. Les notices réalisées sont soumises à validation de manière à garantir l’unité de la production de ces documents mis en ligne.

Nous faisons donc appel aux personnes, institutions ou structures associatives intéressées par cette démarche et souhaitant y collaborer sous une forme ou une autre :

• participation à l’identification, la collecte et l’analyse des sources disponibles ;

• communication de sources en votre possession ;

• rédaction de notices ;

• participation à la coordination et l’animation de ce travail collectif.

Si vous connaissez des personnes tuées ou des listes de personnes tuées, vous pouvez d’ores-et-déjà identifier celles absentes du Dictionnaire des Fusillés ou ayant une notice à compléter : 

Vous pouvez ensuite  :

• signaler ces manques ;

• rédiger ou compléter vous-même une notice listant les étapes de son parcours et et les conditions de son décès ;

• signaler toute source (livres, articles, documents, témoins, monuments) pouvant nous apporter des informations sur les personnes décédées ;

Vous pouvez rédiger ou compléter une monographie de lieu d'exécution.

Vous pouvez participer à un travail d’équipe en allant dépouiller des documents identifiés, afin de compléter une notice ou en créer une nouvelle :

•aux Archives départementales ;

• dans des Musées de la Résistance

• dans des fonds privés.

Beaucoup d’entre nous, à travers leurs recherches, leurs actions en faveur de la mémoire de la Résistance, mènent un travail similaire ou proche de celui entrepris par le Dictionnaire des Fusillés. Il s’agit donc de fédérer ces compétences et énergies, rassembler dans un nouveau cadre des données déjà existantes, afin d’enrichir une base de données nationale, répondant à des impératifs de rigueur scientifiques et d’exhaustivité, qui en fasse un instrument de recherche de référence.  La finalité de cette recherche est scientifique mais aussi civique.

Présentation générale du Dictionnaire des Fusillés

Lors de cette rencontre, Claude Pennetier a présenté l’origine du Dictionnaire des Fusillés, initié par Jean-Pierre Besse, décédé depuis, qui donna lieu à la publication d’un Dictionnaire des fusillés par condamnation et des otages (en 2015) riche de 4300 notices.

L’ensemble de ces notices a été intégré dans le Maitron, en ligne, c'est-à-dire le Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, dit le Maitron (riche de 180 000 notices, : http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/) Mais le Dictionnaire des Fusillés constitue une base consultable de façon autonome. Ce sont désormais plus de 17 500 notices de fusillés qui sont accessibles librement en ligne : http://maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr/

La perspective d’un grand colloque en 2021 nous incite à donner une impulsion pour l’enrichissement de cette base, dont les données pourront être valorisées à cette occasion. Elle s’accompagne de la volonté de fédérer en Auvergne les initiatives prises par différents groupes travaillant sur des sujets connexes.

La base s’est enrichie dans plusieurs domaines. Si les sources concernant les condamnations ont été bien valorisées, celles sur les otages et les exécutés sommaires donnent encore lieu à la constitution de quelques nouvelles fiches. Les efforts se concentrent désormais sur les massacrés, civils, et morts en action afin d'identifier les milliers de résistants ou civils tués sur le territoire dans le cadre de ces actions de la résistance ou de la répression.

Chaque notice individuelle créée doit contenir la mention des sources utilisées pour sa rédaction. La mise en base de données s’accompagne de diverses indexations, appelées “balisages” afin de croiser les informations contenues dans les notices. Une notice donne lieu à autant de balisages que nécessaire : département de naissance, de décès, parti politique, organisation syndicale ou organisation de Résistants à laquelle appartenait la personne décédée, la façon dont elle est décédée (exécutée sommairement, fusillée après jugement, morte en action...), etc.

Cet important travail de balisage permet de faire des requêtes et des regroupements  : par exemple, les victimes d’un département, les membres d’un réseau de résistance à l’échelle d’un département, les fusillés sur une période, etc. Il donne aussi la possibilité de générer des statistiques.

Notices du Maitron pour l'Auvergne :

Le Dictionnaire des Fusillés comprend jusqu'à présent :

• 106 notices de personnes tuées dans l'Allier et 1 monographie de lieu d'exécution pour ce département (au 22/10/2018) ; pour visionner l'ensemble des noms : 

• 35 notices de personnes tuées dans le Cantal et 2 monographies de lieux d'exécutions (au 22/10/2018) :

• 9 notices de personnes tuées dans la Haute-Loire et aucune monographie de lieu d'exécution (au 22/10/2018) ; pour ce département :

• 214 notices de personnes tuées dans le Puy-de-Dôme et 9 monographies de lieux d'exécutions (au 22/10/2018) ; pour ce département  :

Au total, 364 notices biographiques et 12 monographies de lieux d’exécutions.

Si on en croit un rapport conservé aux archives du Puy-de-Dôme (902 W 450) sur le bilan des exécutions dans le Puy-de-Dôme au 25 octobre 1944, 353 personnes sont concernées pour ce seul département. Et à la cote 1533 W  40, selon les renseignements généraux il y a 680 exécutés sommairement ou tués au cours de combats, par les Allemands ou les organisations de collaboration ; 680 dont 420 FFI.

De même, Si on se base sur les recherches d’Eugène Martres sur le Cantal (source, 4éme de couverture de l’ouvrage Lieux de Mémoire et Monuments du Souvenir, Cantal 1940-1944), il y a eu ici 103 civils fusillés, exécutés, tués et 251 maquisards morts au combat soit 354 personnes devant relever du Dictionnaire des Fusillés. Or, au 29 septembre 2018, il n'y avait que 34 notices de faites pour ce département.

Il reste donc un important travail de collectage et de rédaction à réaliser dans chaque département, même si pour nombre de lieux d'exécutions il existe sans doute déjà des articles, des sites Internet ou des extraits d'ouvrages qui contiennent déjà les éléments dont nous avons besoin.

Quelques pistes pour les premières étapes de notre travail :

Identifier les sources disponibles :

• livres ou revues comportant des notices sur des tués ou des listes de tués. Par exemple : Patrice Provenchère, Le Corps franc des Truands, 1942-1944, Polignac, éditions du Roure, 2010, 152 p. ; Jean Favier, Mémorial du réduit de la Truyère, Anterrieux : Union des A.C.V.G.-C.V.R. du Cantal ; 15 - Aurillac : Musée de la Résistance d'Anterrieux, 2008, 207 p. ; Jean Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir : Cantal 1940-1944, Aurillac : Association des Maquis et Cadets de la Résistance du Cantal, 2007, 208 p.

• les documents d’archives publiques ou privées comportant des sources similaires (par exemple 902 W 450 des AD 63 sur le bilan des exécutions dans le Puy-de-Dôme au 25 octobre 1944),

• les travaux qui ont pu déjà être réalisés dans ce domaine par des musées, associations ou individus (listes de morts au Mont-Mouchet ou tout autre lieu d’exécution ou combats, recensement des plaques commémoratives avec listes de morts, sources Internet comme les listes de déportés sur le site des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation de l'Allier, etc.)

Entamer le travail de signalement des noms manquants dans le Dictionnaire des Fusillés :

A partir des sources à votre connaissance, de vos propres travaux, vous pouvez d’ores-et-déjà nous signaler les noms de personnes qui devraient figurer dans le Dictionnaire des Fusillés et en sont absentes.

Perspectives pour les prochains mois :

Au sein du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » de l’UCA, plusieurs enseignants-chercheurs et membres associés ont donné leur accord pour prendre part aux programmes “Fusillés” et “Mouvement social 1968-1981”. Il en va de même pour des enseignants-chercheurs d’autres laboratoires de l’UCA.

Une réunion de travail sera proposée entre octobre et novembre 2018 aux partenaires à la rentrée pour l’élaboration d’un planning de travaux.

Le service informatique de la MSH pourrait être sollicité pour l’ouverture d’un espace de travail collaboratif (plate-forme multiplumes). Il permettrait notamment de tenir la liste des sources à dépouiller, des corpus de morts par lieux d’exécutions, par types de morts (fusillés après condamnation notamment).

Une date a été arrêtée pour une rencontre-séminaire avec l’équipe nationale du Maitron, à Clermont-Ferrand le 11 janvier 2019, à la MSH, peu après l’ouverture au public complète de la base Maitron. Elle constituera un premier point d’étape de cette initiative et devrait révéler le potentiel des activités menées localement et leur prise en compte pour le colloque de 2021.

Une première séance de travail réunissant les personnes souhaitant s’associer sous une forme ou sous une autre à ce projet est prévue courant octobre 2018, vraisemblablement un mercredi après-midi.

MERCI DE MANIFESTER VOTRE INTÉRÊT POUR CE TRAVAIL COLLABORATIF EN RÉPONSE A CE COURRIEL EN VOUS SIGNALANT

A Eric Panthou, référent CHEC pour le Dictionnaire des Fusillés :  eric.panthou[arobase]uca.fr 

ou à Vincent Flauraud, référent CHEC pour le Maitron - Dictionnaire du mouvement social 1968-1981 : vincent.flauraud[arobase]uca.fr

N'hésitez pas à relayer cette lettre largement aux personnes, associations ou structures susceptibles d'être intéressées par ce projet.

Vincent Flauraud, Eric Panthou

Donc : le Maitron vous attend ! 

Quelques pistes de recherche :